Les Grecs et les Romains, dans leurs histoires, nous ont transmis, en suffisance pour notre édification, des actes de
femmes vertueuses et d’un cœur quasi viril. Notre Lithuanie, elle aussi, ne manquerait point de semblables exemples,
si quelqu’un eût su les découvrir dans ses fastes et les retracer d’une plume d’or : mais voyant, hélas ! qu’il n’y a
pour y songer âme qui vive, j’ai pris à tâche, autant du moins que je le puis, de vous présenter une courte légende
tirée des anciennes chroniques.
Vers l’an du Seigneur 1400, il régnait à Nowogrodek, Slonim et Lida, un riche et puissant prince nommé Koryat. Il avait
une fille unique d’une étonnante beauté et qu’on appelait Zywila, c’est-à-dire Diane ; car, par sa grâce merveilleuse,
elle égalait presque cette déesse et l’on pensait communément qu’elle éprouvait pour le mariage une vive répugnance ;
vainement, en effet, des princes et de puissants seigneurs avaient-ils envoyé de contrées lointaines leurs ambassadeurs
demander sa main : à chacun elle avait opposé le même constant refus. Cela donna lieu au bruit qu’elle voulait demeurer
jusqu’à la fin de ses jours dans l’état de virginité. Mais son obstination tenait à de tous autres motifs. Depuis un
certain temps, la princesse Zywila s’était secrètement énamourée du lithuanien Poray, homme au cœur héroïque, que ses
éclatants succès à la guerre avaient placé très-avant dans la faveur de Koryat, si bien qu’en son absence c’est lui qui
gouvernait l’empire. Aussi ne lui était-il pas difficile de se ménager avec sa bien-aimée de fréquents et mystérieux
rendez-vous où ils s’exprimaient leur amour et se consolaient mutuellement...
femmes vertueuses et d’un cœur quasi viril. Notre Lithuanie, elle aussi, ne manquerait point de semblables exemples,
si quelqu’un eût su les découvrir dans ses fastes et les retracer d’une plume d’or : mais voyant, hélas ! qu’il n’y a
pour y songer âme qui vive, j’ai pris à tâche, autant du moins que je le puis, de vous présenter une courte légende
tirée des anciennes chroniques.
Vers l’an du Seigneur 1400, il régnait à Nowogrodek, Slonim et Lida, un riche et puissant prince nommé Koryat. Il avait
une fille unique d’une étonnante beauté et qu’on appelait Zywila, c’est-à-dire Diane ; car, par sa grâce merveilleuse,
elle égalait presque cette déesse et l’on pensait communément qu’elle éprouvait pour le mariage une vive répugnance ;
vainement, en effet, des princes et de puissants seigneurs avaient-ils envoyé de contrées lointaines leurs ambassadeurs
demander sa main : à chacun elle avait opposé le même constant refus. Cela donna lieu au bruit qu’elle voulait demeurer
jusqu’à la fin de ses jours dans l’état de virginité. Mais son obstination tenait à de tous autres motifs. Depuis un
certain temps, la princesse Zywila s’était secrètement énamourée du lithuanien Poray, homme au cœur héroïque, que ses
éclatants succès à la guerre avaient placé très-avant dans la faveur de Koryat, si bien qu’en son absence c’est lui qui
gouvernait l’empire. Aussi ne lui était-il pas difficile de se ménager avec sa bien-aimée de fréquents et mystérieux
rendez-vous où ils s’exprimaient leur amour et se consolaient mutuellement...