A Sérix, il n’y a pas eu d’évènements justifiant mon maintien dans cette institution. Je ne commis aucun délit : ni vol, ni comportement violent, ni mise en danger de personnes. Alors que je n’étais encore qu’un petit enfant, on m’avait mis sur un chemin difficile... On me violenterait jusqu’à ma destination finale, inconnue de tous malgré la preuve quotidienne de l’inexistence de raisons justifiant cet enfermement, j’y étais maintenu. Une décision inique prise des années auparavant devenait au fil du temps une sentence respectable prise pour mon bien. « On » ne se posa aucune question sur son bien-fondé. Personne n’a jamais eu de doute ! « On » reconduisait, année après année, d’écoles en institutions, de responsable en responsable la même aberration. L’absurde l’avait emporté sur le bon sens. On disait :
« Frioud est un rejet de la société, il faut l’enfermer pour pouvoir en faire façon ! Lâché dans la société il serait un individu d’une grande dangerosité ! »
Ne plus retourner à Serix
Après avoir fait le tour des produits qui pourraient m’y aider, je choisis l’eau de javel. Il y en avait à la maison et j’aimais bien son odeur. Je l’associais à la propreté, notamment dans son utilisation. Cet emballage sans verre, de couleur verte et carrée qui sentait le propre m’attirait. Avais-je besoin de me nettoyer, de me purifier via de l’intérieur de toutes les crasses subies qui se collaient à moi comme des scories ! En finir, oui, en finir en purifiant mon corps et mon âme d’enfant des merdes reçues dans la gueule, des puanteurs de représentants qui au nom du « propre » éliminaient, mais chut ! En silence ou presque ce qui faisait tâche dans le paysage alpin… et pourtant ce n’était qu’un début pour moi, un long chemin de croix ou m’accompagnèrent mon père, ma mère et mon frère, victimes collatérales de mon sort et surtout impuissantes et humiliées devant l’inénarrable... ! J’ouvris la bouteille plastique ! Je respirais cette odeur de « propre » que j’humais si souvent dans la maison. J’approchais le goulot près de ma bouche et j’étais décidé à m’auto purifier au nom du « je ne suis pas un bon suisse, je dois m’autodétruire avant qu’ils ne le fassent eux les proches de l’épuration au nom de la race pure... » Au bout de deux ou trois goulées, le liquide commença à me brûler. D’abord la bouche, puis l’œsophage, l’estomac et les poumons suivirent. La douleur devint si intense que je ne pus contenir mes cris. Je me roulais sur le sol en enfonçant mes poings dans mon ventre. Je réussis finalement à me hisser sur mes genoux ce qui me permit de crier encore plus fort. Mes parents n’étaient pas là. C’est notre voisine et son mari alertés par mes cris qui arrivèrent. Je leur dis ce que j’avais fait. Grâce à leur intervention, une ambulance arriva rapidement et je fus emmené à l’hôpital. Pendant mon séjour en soins personne ne s’intéressa de savoir pourquoi j’avais avalé ce poison. On s’occupa de me tirer d’affaire, un point c’est tout. D’ailleurs, pourquoi perdre du temps avec une petite frappe ? J’avais obtenu un répit ! Je serai hospitalisé quelques jours… C’était toujours cela de pris. J’aurai même un rabiot substantiel puisqu’après cinq jours de lavage d’estomac, de diète et de purées diverses, on me transféra à l’hôpital psychiatrique de Malévoz situé à proximité de Monthey. J’y suis resté un mois. Mon sort n’intéressait personne !
A Malévoz, j’étais la plupart du temps enfermé. Vraiment enfermé ! J’ai le souvenir d’une cour intérieure avec de hauts murs. Il était impossible de franchir l’obstacle. Là, j’étais avec des adultes qui, pour la plupart, étaient de grands malades dont on s’occupait peu… Je m’étais pris d’amitié avec un pensionnaire d’une quarantaine d’années que j’aidais à se raser, car personne n’acceptait de le faire et ce jour-là il y avait un évènement exceptionnel pour lui : Il recevait la visite de sa famille. Il se mit à pleurer en me remerciant de l’avoir aidé à être propre et présentable !
« Frioud est un rejet de la société, il faut l’enfermer pour pouvoir en faire façon ! Lâché dans la société il serait un individu d’une grande dangerosité ! »
Ne plus retourner à Serix
Après avoir fait le tour des produits qui pourraient m’y aider, je choisis l’eau de javel. Il y en avait à la maison et j’aimais bien son odeur. Je l’associais à la propreté, notamment dans son utilisation. Cet emballage sans verre, de couleur verte et carrée qui sentait le propre m’attirait. Avais-je besoin de me nettoyer, de me purifier via de l’intérieur de toutes les crasses subies qui se collaient à moi comme des scories ! En finir, oui, en finir en purifiant mon corps et mon âme d’enfant des merdes reçues dans la gueule, des puanteurs de représentants qui au nom du « propre » éliminaient, mais chut ! En silence ou presque ce qui faisait tâche dans le paysage alpin… et pourtant ce n’était qu’un début pour moi, un long chemin de croix ou m’accompagnèrent mon père, ma mère et mon frère, victimes collatérales de mon sort et surtout impuissantes et humiliées devant l’inénarrable... ! J’ouvris la bouteille plastique ! Je respirais cette odeur de « propre » que j’humais si souvent dans la maison. J’approchais le goulot près de ma bouche et j’étais décidé à m’auto purifier au nom du « je ne suis pas un bon suisse, je dois m’autodétruire avant qu’ils ne le fassent eux les proches de l’épuration au nom de la race pure... » Au bout de deux ou trois goulées, le liquide commença à me brûler. D’abord la bouche, puis l’œsophage, l’estomac et les poumons suivirent. La douleur devint si intense que je ne pus contenir mes cris. Je me roulais sur le sol en enfonçant mes poings dans mon ventre. Je réussis finalement à me hisser sur mes genoux ce qui me permit de crier encore plus fort. Mes parents n’étaient pas là. C’est notre voisine et son mari alertés par mes cris qui arrivèrent. Je leur dis ce que j’avais fait. Grâce à leur intervention, une ambulance arriva rapidement et je fus emmené à l’hôpital. Pendant mon séjour en soins personne ne s’intéressa de savoir pourquoi j’avais avalé ce poison. On s’occupa de me tirer d’affaire, un point c’est tout. D’ailleurs, pourquoi perdre du temps avec une petite frappe ? J’avais obtenu un répit ! Je serai hospitalisé quelques jours… C’était toujours cela de pris. J’aurai même un rabiot substantiel puisqu’après cinq jours de lavage d’estomac, de diète et de purées diverses, on me transféra à l’hôpital psychiatrique de Malévoz situé à proximité de Monthey. J’y suis resté un mois. Mon sort n’intéressait personne !
A Malévoz, j’étais la plupart du temps enfermé. Vraiment enfermé ! J’ai le souvenir d’une cour intérieure avec de hauts murs. Il était impossible de franchir l’obstacle. Là, j’étais avec des adultes qui, pour la plupart, étaient de grands malades dont on s’occupait peu… Je m’étais pris d’amitié avec un pensionnaire d’une quarantaine d’années que j’aidais à se raser, car personne n’acceptait de le faire et ce jour-là il y avait un évènement exceptionnel pour lui : Il recevait la visite de sa famille. Il se mit à pleurer en me remerciant de l’avoir aidé à être propre et présentable !