L'histoire du livre, située au carrefour de plusieurs autres disciplines, est fondée à s'intéresser à un champ de recherche qui préoccupe depuis longtemps l'histoire littéraire: celui de l'autorité et de l'auctorialité. Elle est donc conduite à s’interroger sur le statut et l’identité du scripteur, de l’auteur, des cercles qui l’entourent, et invitée à aborder les textes dans leur mouvance. Dans cet ouvrage, de nouvelles perspectives sont apportées, tant par la méthode suivie – l’analyse matérielle des textes, qu’ils soient manuscrits ou, en ces temps de révolution du livre, imprimés – que par le point de vue adopté à partir de la notion, centrale pour la Renaissance, de «référence».
Des chercheurs spécialistes de disciplines différentes s’interrogent sur l’émergence de cette notion de «référence». Bien que de manière implicite, celle-ci régit le statut des textes, de leur édition intellectuelle et matérielle, de leurs auteurs et de leurs transmetteurs, à un moment crucial: celui où le discours médiéval fondé sur l’auctoritas fait place au dialogue humaniste, qui s’appuie sur une intense circulation des idées et des textes à travers correspondances, échanges de manuscrits, participation à des éditions collectives ou successives des sources du savoir.
Avec le passage du manuscrit à l’imprimé et le développement de réseaux savants dans l’Europe de la Renaissance, l’érudition s’appuie désormais sur la notion de «référence», qui tend à supplanter celle d’«autorité». La révérence médiévale à l’égard des auctoritates légitimant le discours s’efface devant la «référence», notion emblématique de la culture humaniste.
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