De tradition, le lexicographe est réticent à faire figurer dans les dictionnaires de la langue générale nombre d’unités du lexique que l’usager qualifiera intuitivement de « mots ». Ainsi, les toponymes et anthroponymes sont exclus, car ils ne possèderaient pas de signifié et seulement une référence unique. L’argument de l’intraduisibilité des noms propres a fait long feu et l’ingénierie linguistique ne peut faire l’économie d’une description détaillée de leur usage dans la langue. Ils sont intégrés dans les classes d’objets et la sémantique a reconnu la possibilité d’établir des liens de sens entre des unités qui en sont censément dépourvues. Les désignations d’une marque ou d’un produit, d’une institution, d’un phénomène météorologique ou encore des molécules sont très fréquemment assimilées au nom propre en tant que catégorie de relégation. Au-delà des problématiques liées à l’onomastique, leur plus ou moins grande spécialisation les voue de toute manière à échapper au dictionnaire de la langue générale. Chargés de transmettre un contenu d’une langue à l’autre, ni le traducteur ni l’interprète ne peuvent se satisfaire des préventions du lexicographe. Face à un terme non répertorié, voire jugé non répertoriable, ils doivent tout à la fois en maîtriser l’équivalence – donc le sens –, la prononciation, le genre, le pluriel, les synonymes (y compris les formes brachygraphiques), les antonymes, les dérivations possibles, savoir si un déterminant doit être utilisé ou encore déjouer les pièges de l’homonymie. L'enseignant de langue travaillant sur objectif spécifique ne peut pas davantage exclure toutes ces expressions, s’agissant de répondre aux besoins d’un apprenant spécialiste d’un domaine. À cet égard, les perceptions sociolinguistiques des locuteurs – qu’ils soient donneurs d’ordre, terminologues, traducteurs ou lecteurs finaux – à l’égard des termes concernés méritent d’être considérées.
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