MESSIEURS,Chacun de vous porte en lui-même et manifeste avec éclat son droit d’être assis à ce banquet mémorable ; moi, qui ne dois la faveur d’y être admis qu’à mon titre d’enfant du pays, et peut-être aussi comme vulgarisateur d’un art qui a inspiré tant de poètes, je vous demande la permission de vous présenter, en vous en retraçant rapidement l’histoire, un souvenir légendaire se rattachant à mes études favorites.
En nos contrées, que le soleil échauffe de ses meilleurs rayons, dans la scintillante Catalogne et la gaie Provence, la poésie est, de temps immémorial, l’âme de toutes les grandes fêtes.
Sous d’autres ciels moins favorisés par l’astre bienfaisant, cette suprématie appartient aux exercices du corps.
Sur les bords du Rhin, par exemple, Francs-archers et Francs-tireurs sont, depuis des siècles, les héros des réunions solennelles, occupant ainsi, dans le nord de la France, le rang que troubadours et félibres tiennent si dignement dans le midi....