Et si vous étiez contraint d'héberger un officier allemand sous la période de l'Occupation?
Dans la France occupée, Charles de Vinelles, écrivain en herbe, est obligé d’héberger dans son château un officier allemand féru de littérature française.
Avec Le silence de la mer, la fameuse nouvelle de Vercors en toile de fond, la pièce interroge l’impossible neutralité du sujet dans la tourmente. Et pose au final le terrible dilemme : une œuvre à naître vaut-elle plus que la vie d’un enfant ?
Une pièce de théâtre qui pose au spectateur et au lecteur la question du courage ou de la lâcheté.
À PROPOS DE L’AUTEUR
Professeur de littérature contemporaine à l'Université catholique de Louvain (UCL) et d'histoire contemporaine à l'IHECS, il a écrit de nombreux essais, romans, nouvelles ou pièces de théâtre. Il est aussi critique littéraire et chroniqueur ; à ce titre, il a collaboré avec Le Soir, Victoire (supplément hebdomadaire du Soir) et Mint en radio. Depuis 2014, il collabore avec La Première, en tant que chroniqueur au sein de l'équipe de l'émission CQFD. Chez Ker, il est l'auteur de nombreuses pièces de théâtre, d'un essai ainsi que de plusieurs romans, comme Raphael et Laetitia et Les Diaboliques.
Pour en savoir plus sur l'auteur rendez-vous sur son site : http://www.edern.be/vincentengel/
EXTRAIT
Scène 1 : Charles
La scène est coupée en deux ; à gauche, une grande pièce de château, qui sert à la fois de salon et de salle à manger, avec une cheminée, une armure, un mobilier ancien et plutôt vétuste. À droite, la chambre de Charles. Il y a un bureau devant une fenêtre qui laisse filtrer, entre les lattes des volets, une lueur d’aube. Un lit, une penderie, deux chaises, une table avec un broc.
Charles dort. On entend, venant de l’étage, des bruits : ceux d’un homme qui se lève, marche jusqu’à la fenêtre qu’il ouvre, qui pousse les volets. À cet instant, le coq chante.
Charles se réveille, difficilement. On entend l’autre, au-dessus, qui se lave. Puis, une porte claque et des pas descendent un escalier. Charles se lève à son tour et va à la fenêtre. De dehors, on entend des pas dans du gravier, un cheval, des bribes de conversation en allemand. Charles ouvre discrètement les volets, regarde et se recule vivement. Le cheval part. Charles s’assied à son bureau et ouvre un cahier qu’il se met à lire, d’abord silencieusement puis à voix haute.
CHARLES
« Par une matinée du mois de mai, une amazone parcourait, sur une jument, les allées du bois de Boulogne »… Non. (Écrit un mot.) « Une ravissante amazone. » (Rature.) « Élégante amazone, sur une somptueuse jument »… (Rature encore.) « Une superbe jument alezane »…